Rentrée 2022, l’École n’est toujours pas inclusive !

En cette nouvelle rentrée, les personnels et les parents s’inquiètent encore plus de ne pas pouvoir accueillir tous les élèves dans de bonnes conditions. Et à juste titre ! Les mobilisations prennent déjà forme, comme au collège Stendhal à Nantes, qui organise un rassemblement mercredi 14 septembre à 15h devant le Rectorat pour revendiquer le pourvoi en urgence des 103 heures d'AESH manquantes !

 

École exclusive

Si elle s’affiche comme inclusive, l’Éducation nationale est loin de l’être. Mieux vaut ne pas avoir de handicap si on veut être intégré-e à l’École de la République. Comment bénéficier de la différenciation pédagogique dont on a besoin quand on est dans une classe de 30 élèves ?

Les ULIS, intégrées aux écoles et établissements ordinaires, sont de moins en moins spécialisées : la DASEN regroupe tous les handicaps sous l’appellation fourre-tout de troubles cognitifs. Rien d’étonnant : le CAPPEI, qui forme les enseignantes et enseignants spécialisé-e-s, devient lui aussi de plus en plus général, histoire de pouvoir déplacer les personnels plus facilement. Bien évidemment, en cette rentrée 2022, de nombreux postes spécialisés n’étaient pas pourvus, notamment celui de l’ULIS de la Chauvinière malgré les avertissements de l’équipe en fin d’année scolaire.

 

La pagaille dans les PIAL

Les accompagnantes et accompagnants des élèves en situation de handicap travaillent dans un PIAL : une zone d’établissements au sein de laquelle on peut les déplacer à l’envi. Les PIAL ont été totalement désorganisés pour bien commencer l’année : ils mélangent maintenant primaire et collège, sont plus réduits certes mais très peu structurés. Beaucoup de coordinateurs et coordinatrices PIAL ne sont pas encore nommé-e-s ou ne savent pas qu’on leur a rajouté cette mission !

De plus en plus d’élèves reçoivent une notification d’aide mutualisée, ce qui signifie que leur AESH est « à partager » avec un ou une autre élève. Personne n’y trouve son  compte  : les élèves ne bénéficient pas d’un temps d’aide suffisant et les AESH se retrouvent à jongler entre les accompagnements.

Alors qu’accompagner un élève en situation de handicap demande d’instaurer une relation de confiance, nombre d’AESH n’ont pas eu la possibilité de continuer à suivre les mêmes élèves. Leurs demandes en termes de trajet le matin, de type d’école, d’accompagnement individuel ou collectif ont très souvent été balayées du revers de la main. Étonnement général : 1/3 des AESH ont démissionné ! Qui voudrait apprendre la veille de la rentrée son lieu de travail en étant payé-e 750 euros par mois ?

Même la Défenseure des droits a dénoncé la gestion comptable des PIAL où on déplace les AESH comme des pions pour dépenser le moins d’argent possible pour le handicap. Rappelons que c’était pourtant la « priorité » du précédent quinquennat d’Emmanuel Macron. Quand on voit le résultat, on se demande ce que ça va donner maintenant que ce n’est plus le cas.

 

Une École pour tous... sauf les élèves qui ont des difficultés, qui ne parlent pas français, etc.

Du côté des RASED, les réseaux d’aide spécialisée aux élèves en difficulté, la rentrée n’est pas de tout repos non plus. La DASEN insiste toujours pour qu’ils interviennent au sein des classes et pas en petit groupe. Plus de suivi régulier d’élèves pour éviter que le manque de recrutement dans les RASED ne se fasse trop sentir... Le CASNAV, qui s’occupe des élèves allophones, est lui aussi en sous-effectif. Pas de recrutement supplémentaire malgré l’arrivée d’élèves en provenance d’Ukraine : beaucoup d’élèves qui auraient auparavant pu être aidé-e-s devront se contenter d’apprendre le français sur un ordinateur...

 

L’École manque cruellement de personnels : ça n’est pas une crise des vocations, mais le résultat de la politique du gouvernement. Nous ne pouvons plus accepter qu’une partie de nos élèves soit abandonnée par le système scolaire. Reprenons ce que nous avons commencé l’hiver dernier et luttons pour une École véritablement inclusive !