Au menu : conditions de travail, droit de grève et précarité !
Invité à un échange bilatéral avec la présidence de Nantes Université le 16 octobre dernier, le syndicat Sud-éducation est revenu sur la rentrée chaotique de cette année. En toile de fond : des dysfonctionnements source de souffrances au travail dénoncés, en vain, depuis plusieurs années dans les instances mais aujourd’hui si manifestes que la direction de notre établissement ne peut plus les ignorer. Tout le monde s’accorde sur le fait que les personnels ne disposent pas des moyens nécessaires à la réalisation sereine de leurs missions. Cependant les réponses de la présidence pour remédier à des conditions de travail toujours plus dégradées interrogent.
Dans le même bateau face au sous-financement ?
Tout le monde en convient : Nantes Université est dramatiquement sous-dotée. Face au spectre d’une mise sous-tutelle par le rectorat après plusieurs années de budget déficitaire, la présidence déclare avoir engagé un « bras de fer » avec l’État afin d’accroître les ressources pérennes, sans abandonner l’obtention d’appels à projet (comme EUniWell ou ExellencES) ni faire un « tabou » de la fermeture concertée de formations pour adapter « l’offre » aux « capacités » des composantes. L’austérité imposée par le ministère, qui appelle des universités soi-disant « autonomes » à puiser dans leurs « fonds de roulement », se rejoue à l’échelle de l’établissement. Ce sont les étudiant-es qui en pâtiront à travers la fermeture de formations. Ce sont déjà les composantes qui en pâtissent, désormais ponctionnées à hauteur de 25%, et bientôt de 35%, sur leurs fonds propres (contre 15% jusque-là) pour financer la revalorisation des personnels BIATSS dont les salaires et les conditions de travail sont respectivement si bas et détériorées que l’université ne parvient plus à recruter.
Évaluer et mutualiser pour éviter l’effondrement ?
Face aux conséquences de cette crise sur le quotidien des agent-es, les deux modes de gestion privilégiés promettent de dégrader plus avant les conditions de travail et la santé des personnels.
Interrogée sur le bilan qu’elle tire de la mise en place de l’établissement expérimental qu’est devenu Nantes Université, l’équipe présidentielle fait le constat de difficultés à objectiver la situation mais rappelle le lancement d’un « Observatoire des transformations » dont c’est l’objectif. Sud-éducation souligne que les personnels, en sous-effectifs chroniques à tous les niveaux, travaillent à flux tendus sans plus pouvoir assurer l’ensemble de leurs tâches à temps ou dans des délais raisonnables du fait de départs et d’arrêts maladie en cascade. En sus d’être surchargés, ils sont toujours davantage sollicités pour évaluer l’imposition à marche forcée de restructurations internes et de procédures insuffisamment anticipées.
Pour pallier la crise qui en découle, certains personnels, une fois leurs tâches accomplies au sein de leur service, sont appelés en renfort pour colmater les brèches ailleurs. Selon l’administration, ces déplacements se font sur la base du volontariat. Sud-Éducation n’a pu que déplorer, une fois de plus, une gestion de l’urgence qui affecte tous les échelons de notre université.
Du droit d’être malade à l’atteinte au droit de grève !
Alors même que la santé des agents est devenue une variable d’ajustement, les personnels en arrêt maladie sont mis devant l’obligation de rattraper une partie des heures non faites !
L’application d’un principe de calcul forfaitaire des services pour le personnel d’enseignement et de recherche sanctionne les agent-es en arrêt maladie. Depuis une décision du Conseil d’administration de 2018, seul un forfait (d’1h09 ou de 2h18) est décompté par jour d’arrêt, indépendamment du nombre d’heures réellement prévu, conduisant les collègues en arrêt maladie à devoir parfois rattraper des dizaines d’heures à leur retour, ce qui ne peut rester sans effets sur des personnels déjà fragilisés. Et l’administration a étendu cette méthode « proportionnelle » de décompte des services aux jours de grève ainsi qu’aux jours de congés pour formation ! Économie de basse échelle sur le dos des agent-es ou, plus probablement, logiques gestionnaires simplifiées pour pallier au débordement des instances de pilotage elles-mêmes, le problème est le même : de telles pratiques sont inacceptables ! Sud-éducation a rappelé à la présidence que cette méthode « proportionnelle » appliquée aux jours de grève ne s’appuie sur aucune disposition réglementaire ou légale à même de la justifier. En sus d’être illégale, cette pratique est à l’origine d’un traitement inéquitable des personnels lui aussi condamnable en justice. L’équipe présidentielle n’a pu avancer aucun argument sur ces différents points.
Gageons que l’administration reviendra sur cette méthode de calcul avant que les organisations syndicales aillent au contentieux ! Espérons qu’elle saura également mettre en harmonie ses discours avec des mesures de lutte réelles contre la précarité des personnels qui représentent le futur des universités.
Quelle politique pour les doctorant-es de Nantes Université ?
Revendiquée depuis plusieurs années, la mensualisation des vacataires est désormais effective pour les vacataires effectuant plus de 64h TD par an. Or, seuls 14 vacataires seraient concernés à l’échelle de toute l’université ! Sud-éducation a donc demandé l’abaissement de ce seuil de manière à inclure un plus grand nombre de vacataires. Rappelons que la réalisation de seulement 40h TD de vacations peuvent représenter un loyer si leur paiement est mensualisé. Sud-éducation a par ailleurs réitéré une revendication portée depuis longtemps par le collectif des précaires : l’exonération automatique des droits d’inscription pour tous les doctorant-es et pas uniquement pour ceux qui en font la demande car ils assurent plus de 50h de vacations par an. Est-il normal que des salariés de l’université, en CDD, assurant un travail de recherche au bénéfice de celle-ci, doivent payer leur employeur pour s’inscrire en thèse ? La présidente ne voit pas le problème : c’est également le cas pour les personnels réalisant une Habilitation à Diriger des Recherches (HDR). L’employeur n’a-t-il pourtant pas un devoir de formation tout au long de la vie de ses personnels ?
Les jeunes chercheur-es constituent des personnels de première ligne dans la recherche censée être à même d’accompagner les « transformations de nos sociétés » comme l’appelle de ses vœux la présidente. Quelle est donc la politique de la relève de Nantes Université ?
Modifications et extensions d’horaires dans certaines BU
Sud-éducation interroge la Présidente sur la pertinence de continuer ce projet au vu de la fatigue des collègues, et du manque de moyens humains et financiers à Nantes Université. Avoir des projets, pourquoi pas, mais avoir les moyens de les mettre en œuvre c’est mieux !