L’université a célébré en grande pompe son festival de rentrée. Cela n’a malheureusement pas été la rentrée pour tout le monde.
Rentrée empêchée au Pôle Humanités
Au Pôle Humanités, plusieurs composantes ont dû repousser la reprise des cours car la scolarité n’a pas pu inscrire les étudiant·e·s à temps. En cause : la modélisation des nouvelles maquettes de cours sur fond de manque d’effectifs, d’arrêts maladie, de logiciels vétustes et de mise en place précipitée de la plate-forme « Mon Master ». Autant de difficultés signalées en vain à l’administration depuis mai, sans mesures à la hauteur des besoins ! Nous exprimons tout notre soutien aux collègues de la scolarité. Nous nous alarmons des dysfonctionnements structurels à l’œuvre, qui touchent les unes après les autres les composantes de l’université.
Effondrement de l’université
SUD éducation avait alerté la Présidence au CSA du 27 juin dernier sur une situation d’effondrement de l’université. Les mobilisations récentes des personnels en Droit, à l’IAE et, plus récemment, en Staps, mais aussi les nombreux départs qui affectent tous les services en témoignent. La faute à l’université qui n’est plus attractive : elle ne parvient même pas à remplacer ces départs car les salaires proposés sont tellement faibles que nombre de recrutement sont infructueux, faute de candidatures. Jusqu’à présent, et au prix de leur santé, les personnels de l’université arrivaient bon an mal an à assurer leur mission première d’accueillir et former les étudiant·e·s. Ce n’est désormais plus le cas.
La gangrène des sous-effectifs
Les sous-effectifs chroniques mettent les services et composantes en souffrance et les empêchent d’assurer pleinement et sereinement leurs missions. Les efforts réalisés pour ouvrir quelques postes sur les composantes les moins bien dotés restent bien en-deçà du simple nécessaire pour permettre à l’université de fonctionner. Ainsi, 40% des besoins identifiés par les composantes dans le cadre de la révision des effectifs ne seront pas couverts. Les quelques 250 000 heures complémentaires réalisées par an dans notre université équivalent à plus de 1300 postes d’enseignant·e·s-chercheur·e·s. SUD éducation revendique leur création.
Des personnels sous-payés
L’effort réalisé par l’université sur les rémunérations des contractuels reste là encore insuffisant pour garantir des conditions de vie décentes à tous les personnels. Rappelons que les vacations sont toujours payées en-dessous du SMIC horaire et que la revalorisation de 1,5% du point d’indice apparaît comme une provocation, alors que le taux d’inflation frise les 5%. SUD éducation revendique l’indexation des salaires sur l’inflation pour garantir le maintien du niveau de vie des personnels en activité et à la retraite, l’augmentation de 400€ de tous les bas salaires et aucun revenu inférieur à 1850€ nets.
Les caisses sont vides : quel rapport de force avec l’État ?
Dans sa vidéo de rentrée, la Présidente se réjouit de l’augmentation de la dotation de l’université d’1 million d’euros. Quand on met cette augmentation en regard d’un budget 2023 en déficit de 11 millions d’euros, peut-on encore croire que la négociation et le dialogue avec l’État fonctionne ? Au lieu d’établir un rapport de force pour contrer la casse du service public d’enseignement supérieur et de recherche, la présidence préfère par exemple reporter l’effort sur les composantes, en leur imposant une augmentation du reversement de leurs fonds propres de 15% à 35% - baissée temporairement à 25% cette année pour calmer la colère qui gronde.
Les étudiant·e·s : une situation d’urgence sociale
Enfin, la situation que vivent nos étudiant·e·s en cette rentrée est extrêmement difficile. Dans nos amphis et nos salles de cours, près d’un·e étudiant·e sur deux aura déjà sauté un repas par manque d’argent. La Présidente appelle, dans une tribune cosignée dans Le Monde du 19 septembre, à la création d’une allocation d’études pour tou·te·s les étudiant·e·s. Nous soutenons bien sûr cette revendication, mais invitons aussi la Présidente a déjà agir localement en entendant l’une des revendications du collectif des travailleur·se·s précaires de l’université : l’exonération des droits d’inscription pour les doctorant·e·s, à minima pour les doctorant.e.s sans contrat doctoral.