Déclaration liminaire de SUD éducation 44 - CSA-SD du 13 février 2024
Avec la réforme “Choc des savoirs”, vous avez développé une série de mesures faisant fi des déterminismes sociaux et des difficultés de chacun·e : votre réforme en rend les élèves responsables. Alors que le service public d’éducation devrait donner plus aux élèves qui en ont le plus besoin, vous avez choisi de les stigmatiser, de les exclure, de les punir.
Toute votre réforme repose sur l’idée selon laquelle l’hétérogénéité serait un problème et empêcherait les élèves de progresser. C’est ce postulat qui vous conduit à créer des dispositifs de ségrégation, or il est erroné : l’hétérogénéité des classes permet aux élèves de progresser quoiqu’en pensent les esprits les plus élitistes. L’institution fait de l'hétérogénéité un problème alors que c’est le manque de moyens pour prendre en charge cette hétérogénéité qui est problématique. La première mesure pour élever le niveau et lutter contre la difficulté scolaire est de baisser le nombre d’élèves par classe. C’est la condition indispensable pour faire progresser tous les élèves.
De plus, votre école insiste sur une vision étriquée des fondamentaux, alors que nous portons un projet d’école émancipatrice pour tou·tes où les tâches et activités complexes sont fondamentales. Le Choc des savoirs, comme la généralisation du SNU ou encore les annonces sur l’uniforme, mettent au jour le projet du gouvernement : celui d’une école de l’obéissance et de l’ordre social où on apprend aux classes populaires à rester à une place subalterne.
Les personnels de l’éducation savent les mesures qui doivent être prises pour garantir l’accès de tous les enfants au service public d’éducation : ils l’ont exprimé par la grève le 1er février puis le 6 février et ils sont prêts à se mobiliser de nouveau, notamment les 19, 20, 21 et 22 mars prochain.
Localement, la politique dite de mixité sociale menée par le département avec la fermeture du collège Rep+ « Rosa Parks » et le déplacement des élèves dans 4 collèges est en réalité une nouvelle étape vers plus de ségrégation sociale et scolaire.
Cette politique a conduit à la suppression d’une partie des moyens REP+ pour les élèves qui en bénéficiaient. L’affichage de mixité sociale est en réalité anéanti par la réforme du collège en cours et la mise en place de groupes de niveaux. Les parents d’élèves et les personnels dénoncent avec force cette baisse des moyens.
Selon les prévisions de DHG, les classes des collèges Serpette, Hugo et de Vial comprendront entre 25 et 30 élèves (hors 6ème) sans compter l’inclusion. Ainsi, seule la maigre promesse de 25 élèves en 6ème, réitérée lors des ateliers de mixité sociale est tenue (bien que toujours hors inclusion !). Les classes seront donc surchargées et les élèves habitués aux petits effectifs de REP+ vont se retrouver noyé.es, avec des enseignant.es qui pourront difficilement les aider. L’accompagnement et les moyens horaires REP+ leur manqueront cruellement.
Nous savons déjà, qu’avec les groupes de niveaux, le destin scolaire des élèves issus de REP+ et scolarisés dans le centre, sera de vivre une ségrégation interne à leur établissement. Seront-iels placé.es d’office dans les groupes de niveau faible ? Est-ce qu’il y aura des « groupes Rosa Parks » ? Quant aux personnels des collèges concernés, ils n’ont à ce jour pas bénéficié de temps de coordination inclus dans leur service. Ils ne savent toujours pas où ils et elles seront nommés ni les contours de leurs équipes.
Ainsi, la réforme du collège met en place du tri social et scolaire. Couplée à la fermeture de 3 collèges publics, nous assistons à une attaque en règle du service public d’éducation. L’enseignement privé est-il concerné par les fermetures de classes ? Les suppressions de poste ? Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas concerné par la mixité sociale et rien n’est exigé par l’État en échange de ses financements publics. A Nantes, environ 40% des élèves sont scolarisé.es dans des établissements privés, désormais il y a 20 collèges privés pour 18 publics. La concentration des CSP+ dans le privé est d’environ 75%, il n’y est accueilli presque aucun élève boursier, aucun élève allophone, et il n’y a presque pas d’ULIS ou de SEGPA.
Les collèges publics en revanche se voient sommés de mettre en place des groupes de niveaux en utilisant très souvent la marge d’autonomie des établissement et donc en supprimant des dispositifs pédagogiques ou les heures en demi-groupes en langues, sciences, voir les options comme le latin.
Nous demandons donc des effectifs à 25 élèves sur tous les niveaux à Vial, Hugo, Serpette et Durantière ainsi que des moyens horaires et du personnels dans tous les collèges d’accueil. Nous soutenons de plus la demande des collègues du collège la Durantière de passer en REP+, d’autant qu’une cohorte avant scolarisée à Rosa Parks va y être scolarisée. Quelle mixité sociale pour ces élèves ? Nous demandons enfin à ce que les fermetures de classes à Hugo et Serpette soient annulées.
D’autres parts, dans le département, la fusion des collèges Frida Kahlo et Quéral à Pontchâteau a abouti à une situation insupportable pour les personnels avec des conditions de travail et un accueil des élèves dégradé.es. Tous les personnels se sont récemment mis en grève et ont alerté l’administration comme la presse pour dénoncer cette situation.
Nous dénonçons de nouveau les documents DHG tronqués (les comptes y apparaissent sans les ULIS et les SEGPA) que vous nous avez remis. Sur ces documents, Frida Kahlo passerait de 740 à 783 élèves et ne verrait ouvrir qu’une division. Or actuellement F. Kalho compte en réalité 833 élèves en comptant les élèves de SEGPA et d’ULIS. La nouvelle DGH prévoit 784 élèves auxquels il faut de nouveau ajouter les élèves de SEGPA et d’ULIS donc 859 élèves mais avec seulement 29 divisions car une 30ème classe ne passerait pas dans les locaux trop exigus et sous-dimensionnés.
Les classes seront surchargés, et aucun aménagement des locaux ou de modification de carte scolaire pour désengorger le collège n’est pour le moment prévu. Nous demandons une modification de la carte scolaire pour réduire les effectifs ainsi que des travaux dans le collège.