Sud éducation et la CGT ont vivement dénoncé la dégradation des conditions de travail et des conditions de rémunération des personnels de l'Université, ainsi que la montée de la précarité étudiante lors du CSA (Comité Social d'Administration) du 19 septembre de Nantes Université. Sud éducation appelle la présidence de Nantes Université a créé un rapport de force avec l'Etat de manière à mettre fin à la casse du service public de l'enseignement supérieur.
Déclaration des représentants de la liste Sud éducation/CGT
Mme la présidente,
Alors que l’université va célébrer en grande pompe sa rentrée, ce n’est malheureusement pas la rentrée pour tout le monde. En effet, au pôle humanité, plusieurs composantes ont dû repousser la reprise des cours ! Les difficultés rencontrées par la scolarité, qui a dû intégrer de multiples transformations de logiciels, de maquettes, dans un contexte marqué par le manque d’effectifs et plusieurs arrêts maladie, n’ont pas permis d’effectuer les inscriptions pédagogiques des étudiants, mettant sous pression les secrétariats des UFR. Ces dysfonctionnements avaient pourtant été signalés depuis mai ! Entendons-nous bien, il ne s’agit certainement pas ici de pointer du doigt la scolarité du pôle humanité, mais au contraire d’exprimer notre soutien à ces collègues. Ce sont bien des logiques structurelles qui sont à l’œuvre et qui touchent les unes après les autres les composantes de l’université, comme l’ont démontré les mobilisations des personnels en Droit, à l’IAE, plus récemment en Staps, mais aussi les nombreux départs qui affectent tous les services.
Jusqu’à présent, et au prix de leur santé, les personnels de l’université arrivaient bon an mal an à assurer leur mission première : accueillir et former les étudiants. Ce n’est plus le cas. Nous vous avions alerté au CSA du 27 juin 2023 sur une situation d’effondrement de l’université, les personnels n’étant plus en capacité d’absorber la somme des dysfonctionnements de notre établissement. Vous sembliez sceptique. L’impossibilité de débuter normalement les cours hier au pôle humanité en est pourtant un nouveau symptôme.
Faut-il dresser la longue liste de ces dysfonctionnements ? Citons notamment :
- Les sous-effectifs chroniques qui mettent les services et composantes en souffrance et les empêchent d’assurer leurs missions. Nous allons aujourd’hui donner un avis sur la révision des effectifs. On peut se réjouir des efforts réalisés pour ouvrir des postes sur les composantes les moins bien dotés. Le résultat reste cependant bien en-deçà du simple nécessaire pour permettre à l’université de fonctionner avec plus de 40% des besoins identifiés qui ne seront pas couverts. Près de 250 000 heures complémentaires ont été réalisées en 2021 selon le Rapport Social Unique, ce qui représente plus de 1 300 postes d’Enseignants-Chercheurs. Sud éducation et la CGT revendiquent leur création.
- Citons également les niveaux de rémunérations qui ne permettent pas d’assurer des conditions de vie décentes pour les plus petits salaires. Nous prenons acte de l’effort réalisé par l’Université sur les rémunérations des contractuels. Il reste cependant insuffisant. Rappelons que les vacations sont toujours payées en-dessous du SMIC horaire et que la revalorisation de 1,5% du point d’indice apparaît comme une provocation alors que le taux d’inflation frise les 5%. SUD éducation et la CGT revendiquent l’indexation des salaires sur l’inflation pour garantir le maintien du niveau de vie des personnels en activité et à la retraite, l’augmentation de 400€ de tous les bas salaires et pas un revenu inférieur à 1850€ nets.
- Il faudrait ajouter à ces points centraux, la longue liste des problèmes rencontrés au quotidien par les collègues. En cette rentrée par exemple, les personnels revenus sur site au 21 août ont trouvé le restaurant universitaire fermé. Ils n’ont donc pas eu accès à une offre de restauration durant plusieurs jours, pourtant une obligation de l’employeur.
Nous avons pu apprendre dans votre vidéo de rentrée que vous aviez obtenu une augmentation de la dotation de l’université d’1 million d’euros pour cette année. C’est en effet une bonne nouvelle. Mais il faut mettre ce chiffre en regard d’un budget 2023 en déficit de 11 millions d’euros. Mme la présidente, pouvons-nous encore croire que la négociation et le dialogue avec l’Etat que vous mettez en avant fonctionne ? Que faites-vous pour établir un rapport de force au sein de la CPU, renommée France Université, mais aussi avec l’Etat, qui permette enfin de contrer cette casse du service de l’enseignement supérieur public ? et plus immédiatement, pour résister aux appétits de l’Etat sur les fonds de roulement des universités ?
Dans votre vidéo, vous rappelez également la situation extrêmement difficile que vivent nos étudiants en cette rentrée. Dans nos amphis et nos salles de cours, près d’un étudiant sur deux auront déjà sauté un repas par manque d’argent. Vous avez par ailleurs appelé dans une tribune parue aujourd’hui à la création d’une allocation d’études pour tous les étudiants. Nous soutenons cette revendication. Nous pensons cependant que vous pourriez agir directement, par exemple en prenant une mesure d’urgence, revendication du collectif des travailleurs précaires de l’université de Nantes : l’exonération des droits d’inscription pour les doctorants, a minima pour les doctorants non financés !